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11 janvier 2017 3 11 /01 /janvier /2017 06:53
Complot à l’ambassade israélienne : le gouvernement britannique pressé d'ouvrir une enquête

Les partis de l'opposition appellent au retrait du diplomate israélien Shai Masot et à l’ouverture d’une enquête sur le complot visant à nuire à Alan Duncan

8 janvier 2017
Last update:
Sunday 8 January 2017 19:46 UTC
Dernière mise à jour :
08 janvier 2017

Theresa May, Première ministre britannique, fait face ce dimanche à une pression de plus en plus grande pour ouvrir une enquête sur un diplomate israélien complotant pour « faire partir » un ministre britannique opposé à l'occupation israélienne des Territoires palestiniens.

Le parti britannique d’opposition, le Parti travailliste, et le Parti national écossais, ont appelé Theresa May à ouvrir une enquête pour « ingérence déplacée » et à l’expulsion du diplomate filmé à son insu.

Shai Masot, qui se qualifie de « conseiller politique », a été piégé par une journaliste infiltrée en train de discuter avec un fonctionnaire pour savoir comment discréditer le ministre adjoint des Affaires étrangères, Alan Duncan.

Samedi, l’ambassade israélienne a annoncé que Masot serait démis de son poste de « subalterne » et le ministère des Affaires étrangères a déclaré qu’elle considérait l’affaire classée.

Mais dimanche, Emily Thornberry, ministre des Affaires étrangères du cabinet fantôme (cabinet de l'opposition, alternatif au gouvernement), a appelé à une enquête sur le complot de Masot, qu’elle a qualifié d’« affaire de sécurité nationale ».

« Ces révélations d’un représentant de l’ambassade d’Israël discutant de comment faire partir ou discréditer un ministre du gouvernement et d’autres députés en raison de leur position sur le Moyen-Orient est extrêmement dérangeant », a-t-elle déclaré.

« L’ingérence déplacée dans notre politique démocratique de la part d’autres États est inacceptable, quel que soit l’État. La réaction du ministère des Affaires étrangères, pour qui l’affaire est classée, n’est pas suffisante. C’est une question de sécurité nationale », a-t-elle ajouté.

« Le représentant de l’ambassade impliqué doit être retiré, et le gouvernement doit immédiatement ouvrir une enquête sur l’étendue de cette ingérence déplacée et exiger du gouvernement israélien qu’il y mette un terme. »

Emily Thornberry a fait cette déclaration après que le ministère des Affaires étrangères israélien a annoncé que l’ambassadeur israélien à Londres, Mark Regev, s’était excusé.

« L’ambassadeur israélien s’est excusé et il est clair que cette conversation ne reflète pas les positions de l’ambassade ou du gouvernement d’Israël » a-t-il déclaré. « Le Royaume-Uni et Israël ont une relation très forte et nous considérons l’affaire terminée. »

L’ambassade israélienne a précisé que Regev avait parlé à Duncan pour s’excuser et mettre les choses au clair : les propos de Masot sont « absolument inacceptables ».

Maria Strizzolo, la fonctionnaire britannique également piégée dans la discussion avec Masot pour « faire partir » Duncan a démissionné dimanche.

Dans les vidéos, Masot, dont le profil en ligne – qui présentait Machiavel comme un ‘’dieu’’ – a été désactivé samedi, demandait à Strizzolo : « Puis-je vous confier quelques députés à faire partir ? ».

Strizzolo, qui a récemment été mutée à un poste au département Éducation, a répondu : « Vous savez, si on regarde d’assez près, je suis persuadée qu’il y a bien quelque chose qu’ils essaient de cacher. »

Masot a répondu : « Oui, j’ai quelques députés. »

Ce à quoi Strizzolo rétorqua : « Parlons-en. »

Masot a ensuite déclaré au journaliste : « Non, elle sait quels députés je veux faire partir. »

Strizzolo a répondu qu’il serait bon de lui rappeler qui et Masot a dit : « le député et ministre adjoint aux Affaires étrangères. »

Ce n’était pas une surprise pour Strizzolo, qui a demandé : « Vous voulez toujours le faire ? »

Masot a répliqué : « Non, il cause beaucoup de problèmes. »

Samedi, dans une déclaration, Strizzolo a expliqué : « Les insinuations que The Guardian cherche à faire sur quelques bribes de conversation tirées de leur contexte, obtenues par subterfuge au cours d’une dîner sont absurdes. La conversation était légère, nous parlions sur le ton de la plaisanterie et du bavardage. Qu’une proposition émanant de moi, en tant que fonctionnaire travaillant dans l’éducation, puisse avoir l’influence que vous lui prêtez est risible. »

« Shai Masot est un ami et nos relations ne sont pas professionnelles. Il n’est pas quelqu’un avec qui j’ai déjà travaillé ou conclu quelque accord politique que ce soit au-delà de nos bavardages politiques, comme le font des millions de gens, quand ils sont en société. »

 

Traduit de l'anglais (original).

 

http://www.middleeasteye.net/fr/reportages/complot-l-ambassade-isra-lienne-les-travaillistes-demandent-louverture-dune-enqu-te

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11 janvier 2017 3 11 /01 /janvier /2017 06:49
Complot à l’ambassade israélienne : le gouvernement britannique pressé d'ouvrir une enquête
#Israël

Les partis de l'opposition appellent au retrait du diplomate israélien Shai Masot et à l’ouverture d’une enquête sur le complot visant à nuire à Alan Duncan

8 janvier 2017
Last update:
Sunday 8 January 2017 19:46 UTC
Dernière mise à jour :
08 janvier 2017

Theresa May, Première ministre britannique, fait face ce dimanche à une pression de plus en plus grande pour ouvrir une enquête sur un diplomate israélien complotant pour « faire partir » un ministre britannique opposé à l'occupation israélienne des Territoires palestiniens.

Le parti britannique d’opposition, le Parti travailliste, et le Parti national écossais, ont appelé Theresa May à ouvrir une enquête pour « ingérence déplacée » et à l’expulsion du diplomate filmé à son insu.

Shai Masot, qui se qualifie de « conseiller politique », a été piégé par une journaliste infiltrée en train de discuter avec un fonctionnaire pour savoir comment discréditer le ministre adjoint des Affaires étrangères, Alan Duncan.

Samedi, l’ambassade israélienne a annoncé que Masot serait démis de son poste de « subalterne » et le ministère des Affaires étrangères a déclaré qu’elle considérait l’affaire classée.

Mais dimanche, Emily Thornberry, ministre des Affaires étrangères du cabinet fantôme (cabinet de l'opposition, alternatif au gouvernement), a appelé à une enquête sur le complot de Masot, qu’elle a qualifié d’« affaire de sécurité nationale ».

« Ces révélations d’un représentant de l’ambassade d’Israël discutant de comment faire partir ou discréditer un ministre du gouvernement et d’autres députés en raison de leur position sur le Moyen-Orient est extrêmement dérangeant », a-t-elle déclaré.

« L’ingérence déplacée dans notre politique démocratique de la part d’autres États est inacceptable, quel que soit l’État. La réaction du ministère des Affaires étrangères, pour qui l’affaire est classée, n’est pas suffisante. C’est une question de sécurité nationale », a-t-elle ajouté.

« Le représentant de l’ambassade impliqué doit être retiré, et le gouvernement doit immédiatement ouvrir une enquête sur l’étendue de cette ingérence déplacée et exiger du gouvernement israélien qu’il y mette un terme. »

Emily Thornberry a fait cette déclaration après que le ministère des Affaires étrangères israélien a annoncé que l’ambassadeur israélien à Londres, Mark Regev, s’était excusé.

« L’ambassadeur israélien s’est excusé et il est clair que cette conversation ne reflète pas les positions de l’ambassade ou du gouvernement d’Israël » a-t-il déclaré. « Le Royaume-Uni et Israël ont une relation très forte et nous considérons l’affaire terminée. »

L’ambassade israélienne a précisé que Regev avait parlé à Duncan pour s’excuser et mettre les choses au clair : les propos de Masot sont « absolument inacceptables ».

Maria Strizzolo, la fonctionnaire britannique également piégée dans la discussion avec Masot pour « faire partir » Duncan a démissionné dimanche.

Dans les vidéos, Masot, dont le profil en ligne – qui présentait Machiavel comme un ‘’dieu’’ – a été désactivé samedi, demandait à Strizzolo : « Puis-je vous confier quelques députés à faire partir ? ».

Strizzolo, qui a récemment été mutée à un poste au département Éducation, a répondu : « Vous savez, si on regarde d’assez près, je suis persuadée qu’il y a bien quelque chose qu’ils essaient de cacher. »

Masot a répondu : « Oui, j’ai quelques députés. »

Ce à quoi Strizzolo rétorqua : « Parlons-en. »

Masot a ensuite déclaré au journaliste : « Non, elle sait quels députés je veux faire partir. »

Strizzolo a répondu qu’il serait bon de lui rappeler qui et Masot a dit : « le député et ministre adjoint aux Affaires étrangères. »

Ce n’était pas une surprise pour Strizzolo, qui a demandé : « Vous voulez toujours le faire ? »

Masot a répliqué : « Non, il cause beaucoup de problèmes. »

Samedi, dans une déclaration, Strizzolo a expliqué : « Les insinuations que The Guardian cherche à faire sur quelques bribes de conversation tirées de leur contexte, obtenues par subterfuge au cours d’une dîner sont absurdes. La conversation était légère, nous parlions sur le ton de la plaisanterie et du bavardage. Qu’une proposition émanant de moi, en tant que fonctionnaire travaillant dans l’éducation, puisse avoir l’influence que vous lui prêtez est risible. »

« Shai Masot est un ami et nos relations ne sont pas professionnelles. Il n’est pas quelqu’un avec qui j’ai déjà travaillé ou conclu quelque accord politique que ce soit au-delà de nos bavardages politiques, comme le font des millions de gens, quand ils sont en société. »

 

Traduit de l'anglais (original).

 

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11 janvier 2017 3 11 /01 /janvier /2017 06:25
Labour calls for inquiry into Israeli diplomat's 'take down MPs' plot
 

The shadow foreign secretary, Emily Thornberry, said: “The exposure of an Israeli embassy official discussing how to bring down or discredit a government minister and other MPs because of their views on the Middle East is extremely disturbing.”

  1. Israeli ambassador, Mark Regev, has apologised to one of the MPs on the “hit list”, foreign office minister Sir Alan Duncan, describing the remarks as unacceptable. As a result, the Foreign Office said it regarded the matter as closed.

But Thornberry said: “It is simply not good enough for the Foreign Office to say the matter is closed. This is a national security issue.” As well as calling for an inquiry, she said the embassy official should be withdrawn.

The official, Shai Masot, who describes himself as a senior political officer, was caught on camera in an undercover sting by a reporter from the al-Jazeera investigative unit.

The embassy said Masot would shortly be ending his term of employment with the embassy. Masot had been speaking to Maria Strizzolo, a civil servant who was formerly an aide to another Conservative minister. Sources at the Department for Education said on Sunday they understood Strizzolo had resigned from her civil service post.

The revelations also provoked anger among many Conservative politicians. One former minister in David Cameron’s government said the embassy’s efforts to exert improper influence on British public life went far further than any plot to “take down” unhelpful members of parliament.

Writing anonymously in the Mail on Sunday, the former minister said: “British foreign policy is in hock to Israeli influence at the heart of our politics, and those in authority have ignored what is going on in authority have ignored what is going on.

 
“For years the Conservative Friends of Israel (CFI) and Labour Friends of Israel (LFI) have worked with – even for – the Israeli embassy to promote Israeli policy and thwart UK government policy and the actions of ministers who try to defend Palestinian rights.

“Lots of countries try to force their views on others, but what is scandalous in the UK is that instead of resisting it, successive governments have submitted to it, take donors’ money, and allowed Israeli influence-peddling to shape policy and even determine the fate of ministers.”

The former minister said there needed to be a full inquiry into the Israeli embassy’s links with CFI and LFI, and that while political parties should welcome funding from the UK’s Jewish community, they should not accept any engagement linked to Israel until it ceases new developments on Palestinian land.

“This opaque funding and underhand conduct is a national disgrace and humiliation and must be stamped out,” the former minister wrote.

 

 
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11 janvier 2017 3 11 /01 /janvier /2017 06:20
La Turquie dans le piège de la crise syrienne
 
 
 
Orient XXI > Magazine > Samim Akgönül > 10 janvier 2017

Depuis une dizaine d’années, la politique régionale de la Turquie se caractérise par ses revirements et ses changements de cap. Désormais, Ankara est empêtrée dans la crise syrienne, prise en tenailles entre la revendication kurde et les attentats de l’organisation de l’État islamique.

 

Le 19 décembre 2016, à la veille de l’ouverture du sommet Turquie-Russie-Iran au sujet de la Syrie, un policier turc abattait l’ambassadeur de la Russie Andreï Karlov à Ankara. Le corps criblé de neuf balles du diplomate allongé à ses pieds, l’assassin hurlait face à la caméra des slogans djihadistes et nationalistes en arabe (avec un mauvais accent) et en turc à propos d’Alep. Cet assassinat jouera sans doute un rôle important dans les recompositions conjoncturelles d’alliances, tandis que la réunion tripartite confirmait la Russie comme acteur principal au Proche-Orient, imposant sa volonté aux autres prétendants au rôle de leader régional. L’Iran est apparu pour sa part comme la puissance chiite stable qui défend également ses intérêts, notamment avec sa politique lente et souterraine de soutien aux alaouites. La Turquie en revanche a dû changer de politique étrangère, bien malgré elle et pour la énième fois, empêtrée dans le bourbier du Proche-Orient qu’elle connaît décidément très mal.

Jamais la politique étrangère turque n’était passée par une période si incertaine et si dangereuse. Dangereuse pour la Turquie et sa population, tétanisée — telle un lapin face aux phares d’une voiture sur le point de l’écraser —, sous les projecteurs constants de l’ensemble des médias, qui sont aux ordres. Mais dangereuse aussi pour la région, voire pour l’Europe entière. Cette situation est certainement due au chaos qui règne dans le Proche-Orient, mais également à une inconsistance pathologique dans la politique interne et externe d’Ankara. Ce n’est pas tant que la Turquie a fait les mauvais choix et pris de mauvaises décisions — chose courante en politique étrangère —, c’est plutôt qu’elle n’a pas fait de choix clair, donnant l’image d’un État en faillite auquel ni ses partenaires historiques ni ses alliés conjoncturels ne peuvent faire confiance.

Dans sa volonté de se défaire de ses anciens partenaires occidentaux, la diplomatie d’Ankara multiplie les gestes vers les pays du Golfe, notamment vers le Qatar, pour renforcer sa situation militaire dans le Proche-Orient et également attirer les investissements arabes, afin de remplacer les capitaux occidentaux dont les détenteurs se retirent de peur d’une instabilité politique, de la violence ethnique et religieuse, voire de l’absence de garantie sur les biens mobiliers et immobiliers. En décembre 2014 et en décembre 2015, les deux pays ont signé un accord militaire permettant l’installation d’une base militaire turque au Qatar. Depuis les « printemps arabes », ils semblent unis dans leur volonté d’imposer leurs politiques, le premier à travers son armée et son discours sunnite et le second à travers ses pétrodollars et son interventionnisme.

Retournons un peu en arrière pour y voir un peu plus clair. En 1998, avant l’arrivée du Parti de la justice et du développement (AKP) au gouvernement et le décès de Hafez Al-Assad, les relations turco-syriennes s’étaient réchauffées après l’expulsion par Damas du leader historique des Kurdes de Turquie, Abdullah Öcalan. Arrivé au pouvoir en 2002, l’AKP a mené une politique volontariste et novatrice au Proche-Orient, surtout sous l’impulsion d’Ahmet Davutoglu, d’abord conseiller spécial pour la politique étrangère du premier ministre de l’époque, Recep Tayyep Erdogan, et ensuite son ministre des affaires étrangères à partir de 2009 (et premier ministre éphémère entre 2014 et 2016). Non seulement les visas ont été supprimés entre les deux pays avec des accords commerciaux multiples, mais Erdogan a en outre noué des relations privées chaleureuses avec Bachar Al-Assad et sa famille, jusqu’à passer des vacances avec eux.

Les illusions perdues

C’est à partir de 2011 qu’Ankara opère un virage stratégique à 180 ° et commence à propager un discours identitaire contre le régime Assad en Syrie. En effet, les « printemps arabes » l’ont incité à rêver. L’idée semblait en effet alléchante aux islamistes turcs : instauration dans l’ensemble du Proche-Orient de gouvernements dirigés par les Frères musulmans dont le leader régional, voire mondial, allait être Erdogan lui-même. Une sorte de califat politico-religieux dont l’utopie n’était envisageable qu’à condition d’ignorer totalement les dynamiques internes et externes de la région. Ce rêve est tombé très rapidement dans les eaux troubles de la Méditerranée orientale. En Tunisie, Ennahda a été chassé par les urnes. La Libye est devenue l’arrière-cour de l’organisation de l’État islamique (OEI). Et en Égypte, le coup d’État militaire a ruiné les rêves d’Erdogan en chassant le président Mohammed Morsi.

Ne restait que la Syrie, dominée par les baasistes appartenant à la minorité religieuse alaouite, et où un discours identitaire sunnite pouvait être entendu. Ainsi, ignorant totalement les intérêts des autres puissances régionales tels l’Iran et la Russie, Ankara s’est jetée dans le bourbier, soutenant d’abord l’opposition syrienne et ensuite, pendant un temps, l’OEI et ce, directement ou indirectement, profitant au passage d’alléchantes livraisons de pétrole non raffiné provenant des puits contrôlés par les djihadistes1.

Les raisons de l’intervention russe en Syrie

Parallèlement, à partir de 2011 mais surtout à partir de la tentative de coup d’État de juillet 2016, le régime sombrait de plus en plus dans une spirale de violence et d’autoritarisme, s’éloignant substantiellement de l’Union européenne et à la recherche de nouvelles alliances en Orient. L’Organisation de coopération de Shanghai (OCS)2 dominée par la Russie et la Chine était vue comme une alternative. Justement, cette même Russie a rempli le vide laissé par la diplomatie américaine et européenne en Syrie, pour deux raisons principales, l’une conjoncturelle et l’autre structurelle.

L’intervention russe en Syrie répond d’abord à des préoccupations immédiates. L’OEI recrute largement parmi les combattants tchétchènes3 et pour Moscou, il s’agit d’une occasion rêvée de les exterminer « légitimement » sans craindre la réaction de l’Occident. Plusieurs avions russes de chasse ont bombardé d’anciens villages turkmènes du nord de la Syrie, vidés de leurs habitants et devenus des fiefs tchétchènes. L’un des ces avions, un Sukhoi Su-24M, a été abattu par deux F-16 de l’Armée de l’air turque le 24 novembre 2015, au prétexte de la violation de l’espace aérien turc. Cet incident a tendu considérablement les relations russo-turques, faisant brusquement comprendre à l’administration turque totalement dépourvue de perspective concernant la région qu’il fallait désormais compter avec Moscou dans la question syrienne.

L’activisme russe au Proche-Orient ne peut toutefois être réduit à la volonté d’exterminer les militants tchétchènes ayant rejoint les djihadistes. Moscou ne possède qu’une base militaire ouverte vers la Méditerranée ; elle se trouve à Tartous en Syrie, à 100 kilomètres à l’ouest de Homs. Une chute du régime baasiste, du moins la perte de son contrôle sur la zone côtière, n’est pas acceptable aux yeux du Kremlin.

Errements diplomatiques

C’est ainsi qu’Ankara s’est retrouvé piégé par sa trop grande gourmandise en Syrie : vouloir d’un côté la chute du régime Assad et de l’autre, empêcher la victoire des Kurdes de la Syrie du nord, tout en faisant obstacle à une victoire totale de l’OEI (sous pression occidentale et russe) est, par définition, irréalisable.

Il existe actuellement trois forces internes qui émergent en Syrie :

— le régime de Bachar Al-Assad. Après l’avoir considéré comme son meilleur allié pendant près de six ans, Ankara l’a voué aux gémonies pendant quatre ans, le but étant d’aller « prier dans la mosquée des Omeyyades »4. En 2016, Ankara s’est résigné à voir le régime baasiste demeurer et a accepté de renouer avec Damas. Comme à son habitude, Erdogan change la prononciation du nom de son ancien allié Assad une fois qu’il est devenu son ennemi. Ainsi, pendant la lune de miel avec Damas, le président — et par conséquent tout son cabinet et toute la presse sous contrôle — l’appelaient « Esad ». Passé à l’ennemi, son nom a été changé en « Essed ». De nos jours il redevient « Esad », signe de son retour en grâce… ;

— l’organisation de l’État islamique : Ankara l’a d’abord soutenu activement et passivement (les militants de l’OEI ont été soignés dans les hôpitaux turcs). Suite aux attentats d’abord non revendiqués commis en Turquie, et à cause de la pression occidentale, la Turquie a dû s’engager contre l’OEI, appelé exclusivement Dayiş par le président et par conséquent tout le pays, ce qui a pour effet de faire passer à la trappe le qualificatif « islamique » ;

— les Kurdes des Unités de protection du peuple (YPG) : dans l’échelle des animosités nourries par Ankara, les Kurdes occupent la place la plus élevée. L’accord précaire avec la Russie consiste justement à accepter la légitimité du régime Assad en échange de l’attaque des Kurdes pour empêcher coûte que coûte l’instauration d’une région autonome au nord de la Syrie. Le Parti de l’union démocratique (PYD) est considéré comme proche du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) avec lequel la guerre a repris de plus belle après cinq ans de négociations et après la victoire du parti prokurde Parti démocratique des peuples (HDP)5 aux élections de juin 2015. Erdogan, d’une manière incompréhensible, prononce la moitié de l’acronyme YPG en turc et l’autre en anglais : « Yé (turc)-Pi-Dji (anglais) », peut-être pour souligner le support américain.

Multiplication des attentats

Ankara semble être pris dans un piège inextricable tant en Syrie qu’à l’intérieur à cause d’une inconsistance rarement vue dans les choix politiques. Depuis juin 2015, où les élections ont causé l’effritement du pouvoir de l’AKP (et, par conséquent, ont été annulées) il y a eu au total 34 attentats, causant près de 600 morts dont plus de 400 civils. Ces attentats sont tantôt attribués au PKK, tantôt aux Faucons de la liberté du Kurdistan (TAK)6, tantôt à l’OEI ou à l’organisation guléniste, ancienne alliée principale de l’AKP jusqu’en 2013. Ainsi, l’assassinat de l’ambassadeur russe Andreï Karlov le 19 décembre en plein cœur d’Ankara est mis sur le compte des gulénistes. Toujours est-il que l’assassin abattu sur place (alors qu’il aurait pu être appréhendé vivant selon les observateurs) était un policier titulaire, donc un membre de l’appareil étatique en Turquie. Si, pour l’instant, Moscou et Ankara font profil bas sur cette affaire à cause de la convergence de leurs intérêts en Syrie, il n’y a pas de doute qu’elle aura des conséquences à moyen terme, et que le prix sera encore payé par la population turque, piégée dans les revirements brutaux de la diplomatie de l’AKP et dans un discours identitaire à visée galvanisante, vide de toute rationalité.

 

1Ce pétrole non raffiné a été transporté vers la Turquie pendant plus de deux ans par camion. Des photos satellites en font foi, publiées par les autorités russes pour faire pression sur Ankara. En échange, le régime turc semble avoir livré une aide logistique et militaire aux opposants syriens — donc à l’OEI — dont la publication des preuves a valu au quotidien Cumhuriyet des emprisonnements et exils, voire une tentative d’assassinat de son rédacteur en chef Can Dündar, exilé en Allemagne. Par ailleurs, les liens entre le gendre de Recep Tayyip Erdogan, Berat Albayrak, ministre de l’énergie en décembre 2016 et PowerTrans, une société qui achemine le pétrole de l’OEI vers la Turquie, ont été établis par Wikileaks en novembre 2016 dans Berat’s Box, inaccessible en Turquie. Pendant longtemps l’OEI n’a pas revendiqué ses attentats en Turquie et le premier ministre de l’époque Davutoglu a qualifié l’organisation terroriste de « quelques jeunes sunnites en colère ».

2NDLR. Organisation intergouvernementale régionale asiatique créée en 2001 dont les membres sont la Russie, la Chine, le Kazakhstan, le Kirghizistan, le Tadjikistan et l’Ouzbékistan (membres fondateurs), rejoints par l’Inde et le Pakistan.

3Selon le rapport de Soufan Group, l’été 2016 il y aurait eu quelques 30 000 combattants étrangers dans les rangs de l’OEI dont près de 3 000 venus de Russie (et près de 2 500 de Turquie).

4Autrement dit, l’occupation de Damas par la Turquie, déclaration d’Erdogan en 2012.

5Le HDP (Halkların Demokratik Partisi) est une coalition dont la locomotive est le mouvement politique kurde, mais il réunit sous sa bannière des démocrates, des libéraux, des écologistes ainsi que la société civile. Le HDP est actuellement constamment criminalisé par le pouvoir et des centaines de ses élus nationaux et locaux dont ses deux coprésidents sont en prison.

6Teyrêbazên Azadiya Kurdistan. Il s’agit, pour certains, d’une sous-organisation du PKK fondée pour commettre des attentats dans des zones urbaines. D’autres le considèrent au contraire comme un groupe dissident du PKK qui trouve ce dernier trop mou et circonscrit au Kurdistan. D’autres enfin soupçonnent des liens entre le TAK et les services secrets turcs qui l’utiliseraient pour envenimer l’animosité entre Kurdes et Turcs afin de permettre à l’AKP de se maintenir au pouvoir en surfant sur des clivages identitaires.

 
 
 
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11 janvier 2017 3 11 /01 /janvier /2017 06:10
REVEALED: NUS official colluded with Israeli embassy to oust student leader

 

 

NUS Vice President Richard Brooks worked with figures linked to the Israeli embassy and offered resources to oppose Malia Bouattia

 

NUS Vice President Richard Brooks speaks to an undercover Al-Jazeera reporter at London's LSE (Screengrab)

Last update:
Tuesday 10 January 2017 19:57 UTC
 

A senior official from the UK’s National Union of Students has been covertly filmed conspiring to oust the organisation’s president Malia Bouattia as part of a sting involving the Israel embassy.

An undercover Al-Jazeera reporter – known only as Robin – posed as a political activist with links to the now disgraced Israeli diplomat Shai Masot to investigate the influence the Israeli embassy exerts on British politics.

"Robin" is heard discussing how to oust Boauttia from her position as NUS president with NUS Vice President Richard Brooks, after Masot introduces him as the Chairman of the Young Labour Friends of Israel.

In the secret recording, Brooks is filmed telling Robin that he accepted a trip to Israel funded by the Union of Jewish Students.

He is also heard to say that he was a key figure involved in attempts to remove Bouattia.

“So how can we get in touch with the people who are trying to oppose her?” asked Robin.

Brooks admitted to organising the faction against Bouattia, telling Robin to “drop me a line whenever you want to have a conversation” if he wished to speak to any figures opposed to Bouattia.

He is also heard to offer to put Robin in touch with anyone opposed to Bouattia from across the UK: “[If] you want to speak with someone in a certain geographical area, I’ll point you at the right people.”

Bouattia, the first Muslim woman of colour to lead the NUS, has been criticised by opponents for alleged anti-Semitism, claims that she denies.

Known for her years of pro-Palestine activism on campuses across the UK, Bouattia says she considers herself an opponent of "Zionist politics."

MEE has approached Bouattia for comment.

Call for expulsion of diplomats

The revelation comes days after British MPs called for Israeli diplomats implicated in the scandal to be expelled after an embassy official was filmed saying he would “take down” British MPs who expressed anti-settlement opinions.

The Israeli embassy’s senior political officer, Shai Masot, was filmed by Al-Jazeera admitting to helping set up political groups across the UK like the Young Conservative Friends of Israel and various other organisations.

Other individuals linked to the Israeli embassy involved in conspiring to remove Bouattia include Michael Rubin, parliamentary officer of the Labour Friends of Israel group, and former chair of Labour Students, a student political organisation linked to the Labour party. In one exchange filmed outside a London pub, Rubin said he and Masot " work really closely together.. but a lot of it is behind the scenes."

Prior to becoming the LFI’s parliamentary officer, Rubin was chair of Labour Students and helped run the NUS presidential campaign for Megan Dunn, who ran against Bouattia during her successful campaign.

The sting operation also revealed that, in the run-up to the NUS presidential elections in 2016, Brooks held secret meetings with Rubin and Russell Langer, who was campaigns director for the Union of Jewish Students and accepted funding from the Israeli government.

Al-Jazeera has approached every individual named in the documentary for further comment.

MEE has also approached Richard Brooks, NUS and UJS for comment.

Rubin is filmed directing Robin to meet Brooks and Robbie Young, who is an NUS vice president and a prominent activist in the Labour party’s student wing.

Filmed outside a pub in Westminster, Rubin tells Robin that Young was given a trip to Israel and that he was “really good on Israel.”

“He’s a Labour student and he is, like, really good on Israel,” said Rubin, referring to Young. “He’s been out on a trip so he’s seen Israel.”

Both Brooks and Young, however, failed to declare their trip to Israel to the NUS’s national executive council, which is tasked with holding NUS officers to account.

MEE has also approached Young for comment.

NUS endorsement of Israeli boycott

The BDS (Boycott, Divestment and Sanction) movement has gained traction on campuses across the UK over the last few years.

The campaign on British campuses has led universities to divest from companies like G4S and Veolia, which are accused of profiteering from the Israeli occupation of the West Bank.

The Ministry of Strategic Affairs in Israel has been at the forefront of attempts to counter the worldwide growth of the BDS movement.

In September Strategic Affairs Minister Gilad Erdan described the UK as the "centre" of the BDS movement.

In 2014 the NUS's national executive voted to endorse the BDS campaign, amid widespread public concern over the deteriorating situation in Gaza after Israel's devastating military operation in the coastal enclave in the summer of that year.

The NUS, which represents over four million students, has been known to be a training ground for future Labour party politicians.

Notable politicians who have previously served as NUS leader include former foreign secretary Jack Straw and Wes Streeting, now a young Labour MP.

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11 janvier 2017 3 11 /01 /janvier /2017 06:08


Colonisation : La coupure historique de la résolution 2334

 

 

par Richard Labévière
par Les-crises.fr DT 
Source : Proche & Moyen-Orient, Richard Labévière, 02-01-2017
Mieux vaut tard que jamais… En s’abstenant le 23 décembre dernier, donc en renonçant à faire usage de leur droit de véto de membre permanent du Conseil de sécurité des Nations unies, les Etats-Unis ont permis l’adoption de la résolution 2334 qui condamne clairement la colonisation israélienne des territoires occupés palestiniens.

Plus de 35 ans après la résolution 465 de mars 1980, qui dénonçait – déjà – l’extension des colonies israéliennes, jugées illégales, la résolution qui vient d’être adoptée affirme que l’établissement de colonies israéliennes dans les territoires occupés « constitue une violation flagrante du droit international et un obstacle majeur à la mise en œuvre de la solution à deux États et à l’instauration d’une paix totale, juste et durable ».

La résolution 2334 demande en conséquence à Tel-Aviv de « cesser immédiatement et complètement toute activité de colonisation dans les territoires palestiniens occupés, y compris Jérusalem-Est et de respecter toutes ses obligations légales dans ce domaine ».

La résolution appelle « tous les États à faire la distinction, dans leurs relations, entre le territoire de l’État d’Israël et les territoires occupés depuis 1967 ». Après avoir appelé à l’adoption de mesures immédiates pour « empêcher tous les actes de violence contre les civils, y compris les actes de terrorisme et les actes de provocation et destruction », le texte juge urgentes « l’intensification et l’accélération des efforts diplomatiques internationaux et régionaux » sur la base notamment « des Résolutions pertinentes des Nations unies, des termes de référence de la conférence de Madrid et de la feuille de route du Quartet1 ».

En conclusion, le document souligne les efforts en cours « pour faire progresser l’Initiative de paix arabe, l’initiative de la France en vue de réunir une conférence de paix internationale, les récents efforts du Quartet ainsi que ceux de l’Égypte et de la Fédération de Russie ». L’histoire des blocages récurrents du Conseil de sécurité n’est plus à faire, mais cette dernière résolution nous rappelle d’abord qu’indépendamment de toutes ses inerties et ses imperfections, l’ONU demeure indispensable et, pour reprendre les mots du regretté Stéphane Hessel, « un monde sans ONU serait bien pire qu’il n’est en réalité… »

L’organisation internationale, qui n’est pas un gouvernement mondial, conserve plusieurs supériorités indispensables : son universalité et sa mémoire. Celle-ci nous rappelle, en l’occurrence et textes à l’appui, que la colonisation israélienne est une vieille histoire et qu’Israël a continuellement violé le droit international dès les lendemains de sa création en 1948, notamment quant au statut de Jérusalem et à la colonisation de la partie Est de la ville sainte.


Par-delà les frontières de 1967, la politique de colonisation s’est poursuivie sans relâche, le nombre de colons étant dorénavant estimé à environ 430 000 en Cisjordanie et à Jérusalem-Est occupée. Un projet de loi actuellement à l’étude à la Knesset prévoit de régulariser une cinquantaine « d’avant-postes », des colonies sauvages qu’Israël entérine mais qui demeurent illégales au regard des Nations unies et des milliers de logements construits dans les colonies en Cisjordanie. Devant le Conseil de sécurité le 16 décembre dernier, Ban Ki-moon, le secrétaire général sortant de l’ONU avait demandé à Israël de renoncer à ce projet.


La résolution 2334 est la 226e résolution adoptée par le Conseil de sécurité portant sur le conflit israélo-palestinien depuis la création de l’ONU en 1945. C’est encore sans compter les centaines de résolutions adoptées par l’Assemblée générale des Nations unies à la majorité des États membres, ainsi que par la Commission des droits de l’homme de l’ONU (aujourd’hui devenu « Conseil des droits de l’homme ») installée à Genève.


Plus récemment en 2011, Washington avait empêché l’adoption d’une résolution similaire au Conseil de sécurité, arguant qu’un tel texte pouvait donner prétexte aux Israéliens comme aux Palestiniens de ne pas s’engager dans des négociations sérieuses… Bien qu’ayant commencé son premier mandat en conseillant à Tel-Aviv de geler les colonisations pour permettre la relance de négociations de paix avec les Palestiniens, Barack Obama s’était vite ravisé face à la violence de la réaction des lobbies pro-israéliens hyperpuissants aux Etats-Unis. Ainsi, pendant huit ans, le président Obama s’est contenté de timides réprimandes, tout en continuant de soutenir inconditionnellement Tel-Aviv à l’ONU, ainsi qu’en mettant à disposition des forces armées israéliennes les matériels militaires les plus sophistiqués, l’aide civilo-militaire annuelle de Washington dépassant les quatre milliards de dollars.


Certes, Barack Obama a moyennement apprécié que le premier ministre israélien Benyamin Netanyahou se rende à Washington en mars 2015 pour appeler le Congrès à torpiller ses efforts en vue de l’accord sur le nucléaire iranien. Il n’a jamais vraiment non plus affiché une grande chaleur à l’encontre du dirigeant israélien, montrant même quelque agacement face à ses rigidités idéologiques, ses marques réitérées d’ingratitudes, ses prétentions politiques unilatérales, sinon une arrogance ayant fini par indisposer toute l’équipe de la Maison blanche.

Dans un discours de soixante-dix minutes, prononcé à Washington le 28 décembre dernier – et spécialement consacré au conflit israélo-palestinien -, le secrétaire d’Etat John Kerry a assené le coup de grâce et apporté une compréhension encore plus claire de cet ultime sursaut de lucidité de l’administration Obama : « nous ne pouvons pas – en toute bonne conscience – ne rien faire et ne rien dire alors que nous voyons l’espoir de paix s’évanouir ».

De bonnes sources, prochetmoyen-orient.ch peut confirmer que Barack Obama a inspiré son secrétaire d’Etat pour ce discours réquisitoire destiné à prendre date face à la conscience universelle, le gouvernement américain sortant ne voulant pas demeurer dans l’Histoire comme ayant cautionné un système d’Apartheid source de violences, d’épurations ethniques et de nouvelles menaces terroristes.

Dans tous les cas de figure, la résolution 2334, comme le discours de John Kerry, prennent valeur de « coupure historique », au sens profondément althussérien du terme, en ce sens que désormais plus rien ne sera jamais comme avant… du moins sur le plan des perceptions, de l’analyse et des efforts diplomatiques engagés depuis plus de soixante ans pour régler la question palestinienne. Cette coupure historique, sinon épistémologique met d’abord crûment en lumière une réalité connue mais rarement prise en compte dans ses justes mesures : le poids et l’influence des lobbies pro-israéliens aux Etats-Unis ont transformé, dès le départ, cette crise internationale majeure en une question de politique intérieure américaine.

Cette anomalie sauvage a imposé les Etats-Unis comme médiateur « naturel » et principal d’une question palestinienne au cœur de laquelle Washington n’a cessé d’être juge et partie prenante. Des médiations brésilienne, norvégienne, suisse ou papou auraient été essentiellement plus impartiales, sinon plus efficaces que les agitations récurrentes des administrations américaines successives cherchant inlassablement à avantager leur allié historique !

Le deuxième effet de cette coupure épistémologique remet un peu de raison dans l’histoire en ce qu’elle remet sur la table de la communauté internationale ce que tout le monde sait depuis des décennies : l’illégalité, l’injustice, la violence de la continuation des colonies israéliennes dans les territoires occupés palestiniens. Le vote de la résolution 2334 a été entériné par des Etats qu’on n’attendait pas : Venezuela, Malaisie, Nouvelle-Zélande et Sénégal, affirmant enfin eux-aussi que la force ne peut supplanter infiniment le droit international. Même le très pro-américain président de l’Ukraine a condamné la colonisation israélienne, voyant ainsi annuler par le gouvernement Netanyahou la visite qu’il devait prochainement effectuer à Tel-Aviv.

Enfin, la coupure historique de la résolution 2334 signe la déconfiture de l’idéologie néo-conservatrice américaine et de ses surgeons européens, notamment français (Basbous, Encel, Tertrais, Levallois, etc.). Selon les morbides prédictions de l’historien Bernard Lewis, celle-ci prétendait vouloir gommer, sinon nier la centralité du conflit israélo-palestinien dans l’arc de crises proche et moyen-orientales, en recommandant de ne plus parler ni de la Palestine, ni du monde arabe, ni des Arabes, mais de simples tribus auxquelles il fallait impérativement imposer la démocratie (version occidentale) par les armes !

C’est au nom de cette abomination que furent déclenchées la deuxième guerre d’Irak du printemps 2003 et la guerre de Libye du printemps 2011 avec les résultats que l’on connaît. La « démocratie » en Irak devait produire un effet dominos de contagion dans toute la région et, ainsi, « digérer » une question palestinienne devenue périphérique et simple enjeu de sécurité et de lutte contre le terrorisme. Infatigable porteuse de ce machin baptisé « Grand-Moyen-Orient », la secrétaire d’Etat Condoleeza Rice allait même jusqu’à comparer Yasser Arafat avec… Oussama Ben Laden !

Tout récemment encore, Richard Perle2 affirmait aux voisins de sa résidence provençale de Gordes que la plus grande erreur d’Obama était l’accord sur le nucléaire iranien et que l’objectif des Palestiniens était de fonder un Etat… islamique !

Même un peu tard, la résolution 2334 neutralise ce genre de balivernes, comme celles du ministre israélien de la Défense Avigdor Lieberman qui vient d’appeler les Français juifs à quitter leur pays pour Israël afin qu’ils puissent « rester juifs ». Il a même comparé l’initiative diplomatique française sur le Proche-Orient de « nouvelle affaire Dreyfus », ajoutant qu’« il est temps de dire aux Français juifs, ce n’est pas votre pays, ce n’est pas votre terre. Quittez la France et venez en Israël. Avec toutes les difficultés que cela implique, si vous voulez rester juif et être sûr que vos enfants et petits-enfants restent juifs, faites votre aliyah en Israël ».

Près de 5 000 Français juifs ont immigré en Israël en 2016, soit une baisse de plus de 30% par rapport à l’an dernier. En 2014 et 2015, un record avait été atteint avec 7 200 et 7 800 immigrants en provenance de France. Le ministre israélien n’a pas hésité à comparer l’initiative diplomatique française à l’affaire Dreyfus, lorsqu’un officier israélite de l’armée française avait été accusé à tort d’intelligence avec l’ennemi à la fin du XIXe siècle, avant d’être innocenté. « Il n’y a qu’une seule différence entre ce qu’ils préparent à Paris et l’affaire Dreyfus, c’est que la dernière fois il n’y avait qu’un juif sur le banc des accusés alors que maintenant, [il s’agit de] toute la population israélienne », a indiqué le ministre de la Défense. « Ceci n’est qu’un procès dirigé contre l’Etat d’Israël. C’est un sommet dont l’unique objectif est d’affaiblir la sécurité d’Israël », a-t-il conclu.

La France organisera le 15 janvier une nouvelle conférence internationale sur le Proche-Orient, avec quelque 70 pays, mais sans les parties concernées, pour réitérer le soutien de la communauté internationale à la solution à deux Etats, israélien et palestinien. Dans la dynamique de la coupure historique de la résolution 2334, on ne peut que soutenir l’initiative de notre ami – le politologue John Whitbeck – s’adressant au Conseil national américain de sécurité pour que l’administration Obama sortante transforme l’essai en reconnaissant l’existence pleine et entière d’un Etat palestinien avant le 20 janvier prochain.

En attendant, bonne lecture, bonne et heureuse année en vous souhaitant les meilleures choses pour les temps qui viennent. Nous en aurons grand besoin…
Richard Labévière
2 janvier 2017

1 Le Quartet pour le Moyen-Orient ou plus simplement Quartet, est un groupe formé de quatre États et d’organisations nationales et internationales décidé à réaliser une médiation dans le processus de paix israélo-palestinien. Le Quartet est composé des États-Unis d’Amérique, de la Russie, de l’Union européenne et des Nations unies. Le groupe fut nommé en 2002, en réponse à l’escalade du conflit au Moyen-Orient.
2 Richard Norman Perle, né le 16 septembre 1941 à New York, a été conseiller politique auprès du secrétaire à la défense sous l’administration de Ronald Reagan et membre de la commission de la politique de défense de 1987 à 2004. Il est membre du Parti démocrate. Richard Perle est surtout connu pour son idéologie néo-conservatrice et par sa défense de la guerre d’Irak en 2003 pour défaire le dirigeant irakien Saddam Hussein. Il est également membre de l’American Enterprise Institute, de la direction du groupe Bilderberg, ainsi que présent dans le Projet pour un nouveau siècle américain (Project for the New American Century – PNAC) et fut un des cosignataires de la lettre du 26 janvier 1998 envoyée au président Bill Clinton, l’enjoignant de désarmer par la force Saddam Hussein. Perle est également considéré comme un proche du parti conservateur israélien, le Likoud.
Source : Proche & Moyen-Orient, Richard Labévière, 02-01-2017

 

Colonisation : La coupure historique de la résolution 2334, par Richard Labévière

par Les-crises.fr DT

Source : Proche & Moyen-Orient, Richard Labévière, 02-01-2017

Mieux vaut tard que jamais… En s’abstenant le 23 décembre dernier, donc en renonçant à faire usage de leur droit de véto de membre permanent du Conseil de sécurité des Nations unies, les Etats-Unis ont permis l’adoption de la résolution 2334 qui condamne clairement la colonisation israélienne des territoires occupés palestiniens.

Plus de 35 ans après la résolution 465 de mars 1980, qui dénonçait – déjà – l’extension des colonies israéliennes, jugées illégales, la résolution qui vient d’être adoptée affirme que l’établissement de colonies israéliennes dans les territoires occupés « constitue une violation flagrante du droit international et un obstacle majeur à la mise en œuvre de la solution à deux États et à l’instauration d’une paix totale, juste et durable ». La résolution 2334 demande en conséquence à Tel-Aviv de « cesser immédiatement et complètement toute activité de colonisation dans les territoires palestiniens occupés, y compris Jérusalem-Est et de respecter toutes ses obligations légales dans ce domaine ».

La résolution appelle « tous les États à faire la distinction, dans leurs relations, entre le territoire de l’État d’Israël et les territoires occupés depuis 1967 ». Après avoir appelé à l’adoption de mesures immédiates pour « empêcher tous les actes de violence contre les civils, y compris les actes de terrorisme et les actes de provocation et destruction », le texte juge urgentes « l’intensification et l’accélération des efforts diplomatiques internationaux et régionaux » sur la base notamment « des Résolutions pertinentes des Nations unies, des termes de référence de la conférence de Madrid et de la feuille de route du Quartet1 ».

En conclusion, le document souligne les efforts en cours « pour faire progresser l’Initiative de paix arabe, l’initiative de la France en vue de réunir une conférence de paix internationale, les récents efforts du Quartet ainsi que ceux de l’Égypte et de la Fédération de Russie ». L’histoire des blocages récurrents du Conseil de sécurité n’est plus à faire, mais cette dernière résolution nous rappelle d’abord qu’indépendamment de toutes ses inerties et ses imperfections, l’ONU demeure indispensable et, pour reprendre les mots du regretté Stéphane Hessel, « un monde sans ONU serait bien pire qu’il n’est en réalité… » L’organisation internationale, qui n’est pas un gouvernement mondial, conserve plusieurs supériorités indispensables : son universalité et sa mémoire. Celle-ci nous rappelle, en l’occurrence et textes à l’appui, que la colonisation israélienne est une vieille histoire et qu’Israël a continuellement violé le droit international dès les lendemains de sa création en 1948, notamment quant au statut de Jérusalem et à la colonisation de la partie Est de la ville sainte.

Par-delà les frontières de 1967, la politique de colonisation s’est poursuivie sans relâche, le nombre de colons étant dorénavant estimé à environ 430 000 en Cisjordanie et à Jérusalem-Est occupée. Un projet de loi actuellement à l’étude à la Knesset prévoit de régulariser une cinquantaine « d’avant-postes », des colonies sauvages qu’Israël entérine mais qui demeurent illégales au regard des Nations unies et des milliers de logements construits dans les colonies en Cisjordanie. Devant le Conseil de sécurité le 16 décembre dernier, Ban Ki-moon, le secrétaire général sortant de l’ONU avait demandé à Israël de renoncer à ce projet.

La résolution 2334 est la 226e résolution adoptée par le Conseil de sécurité portant sur le conflit israélo-palestinien depuis la création de l’ONU en 1945. C’est encore sans compter les centaines de résolutions adoptées par l’Assemblée générale des Nations unies à la majorité des États membres, ainsi que par la Commission des droits de l’homme de l’ONU (aujourd’hui devenu « Conseil des droits de l’homme ») installée à Genève.

Plus récemment en 2011, Washington avait empêché l’adoption d’une résolution similaire au Conseil de sécurité, arguant qu’un tel texte pouvait donner prétexte aux Israéliens comme aux Palestiniens de ne pas s’engager dans des négociations sérieuses… Bien qu’ayant commencé son premier mandat en conseillant à Tel-Aviv de geler les colonisations pour permettre la relance de négociations de paix avec les Palestiniens, Barack Obama s’était vite ravisé face à la violence de la réaction des lobbies pro-israéliens hyperpuissants aux Etats-Unis. Ainsi, pendant huit ans, le président Obama s’est contenté de timides réprimandes, tout en continuant de soutenir inconditionnellement Tel-Aviv à l’ONU, ainsi qu’en mettant à disposition des forces armées israéliennes les matériels militaires les plus sophistiqués, l’aide civilo-militaire annuelle de Washington dépassant les quatre milliards de dollars.

Certes, Barack Obama a moyennement apprécié que le premier ministre israélien Benyamin Netanyahou se rende à Washington en mars 2015 pour appeler le Congrès à torpiller ses efforts en vue de l’accord sur le nucléaire iranien. Il n’a jamais vraiment non plus affiché une grande chaleur à l’encontre du dirigeant israélien, montrant même quelque agacement face à ses rigidités idéologiques, ses marques réitérées d’ingratitudes, ses prétentions politiques unilatérales, sinon une arrogance ayant fini par indisposer toute l’équipe de la Maison blanche.

Dans un discours de soixante-dix minutes, prononcé à Washington le 28 décembre dernier – et spécialement consacré au conflit israélo-palestinien -, le secrétaire d’Etat John Kerry a assené le coup de grâce et apporté une compréhension encore plus claire de cet ultime sursaut de lucidité de l’administration Obama : « nous ne pouvons pas – en toute bonne conscience – ne rien faire et ne rien dire alors que nous voyons l’espoir de paix s’évanouir ». De bonnes sources, prochetmoyen-orient.ch peut confirmer que Barack Obama a inspiré son secrétaire d’Etat pour ce discours réquisitoire destiné à prendre date face à la conscience universelle, le gouvernement américain sortant ne voulant pas demeurer dans l’Histoire comme ayant cautionné un système d’Apartheid source de violences, d’épurations ethniques et de nouvelles menaces terroristes.

Dans tous les cas de figure, la résolution 2334, comme le discours de John Kerry, prennent valeur de « coupure historique », au sens profondément althussérien du terme, en ce sens que désormais plus rien ne sera jamais comme avant… du moins sur le plan des perceptions, de l’analyse et des efforts diplomatiques engagés depuis plus de soixante ans pour régler la question palestinienne. Cette coupure historique, sinon épistémologique met d’abord crûment en lumière une réalité connue mais rarement prise en compte dans ses justes mesures : le poids et l’influence des lobbies pro-israéliens aux Etats-Unis ont transformé, dès le départ, cette crise internationale majeure en une question de politique intérieure américaine.

Cette anomalie sauvage a imposé les Etats-Unis comme médiateur « naturel » et principal d’une question palestinienne au cœur de laquelle Washington n’a cessé d’être juge et partie prenante. Des médiations brésilienne, norvégienne, suisse ou papou auraient été essentiellement plus impartiales, sinon plus efficaces que les agitations récurrentes des administrations américaines successives cherchant inlassablement à avantager leur allié historique !

Le deuxième effet de cette coupure épistémologique remet un peu de raison dans l’histoire en ce qu’elle remet sur la table de la communauté internationale ce que tout le monde sait depuis des décennies : l’illégalité, l’injustice, la violence de la continuation des colonies israéliennes dans les territoires occupés palestiniens. Le vote de la résolution 2334 a été entériné par des Etats qu’on n’attendait pas : Venezuela, Malaisie, Nouvelle-Zélande et Sénégal, affirmant enfin eux-aussi que la force ne peut supplanter infiniment le droit international. Même le très pro-américain président de l’Ukraine a condamné la colonisation israélienne, voyant ainsi annuler par le gouvernement Netanyahou la visite qu’il devait prochainement effectuer à Tel-Aviv.

Enfin, la coupure historique de la résolution 2334 signe la déconfiture de l’idéologie néo-conservatrice américaine et de ses surgeons européens, notamment français (Basbous, Encel, Tertrais, Levallois, etc.). Selon les morbides prédictions de l’historien Bernard Lewis, celle-ci prétendait vouloir gommer, sinon nier la centralité du conflit israélo-palestinien dans l’arc de crises proche et moyen-orientales, en recommandant de ne plus parler ni de la Palestine, ni du monde arabe, ni des Arabes, mais de simples tribus auxquelles il fallait impérativement imposer la démocratie (version occidentale) par les armes !

C’est au nom de cette abomination que furent déclenchées la deuxième guerre d’Irak du printemps 2003 et la guerre de Libye du printemps 2011 avec les résultats que l’on connaît. La « démocratie » en Irak devait produire un effet dominos de contagion dans toute la région et, ainsi, « digérer » une question palestinienne devenue périphérique et simple enjeu de sécurité et de lutte contre le terrorisme. Infatigable porteuse de ce machin baptisé « Grand-Moyen-Orient », la secrétaire d’Etat Condoleeza Rice allait même jusqu’à comparer Yasser Arafat avec… Oussama Ben Laden ! Tout récemment encore, Richard Perle2 affirmait aux voisins de sa résidence provençale de Gordes que la plus grande erreur d’Obama était l’accord sur le nucléaire iranien et que l’objectif des Palestiniens était de fonder un Etat… islamique !

Même un peu tard, la résolution 2334 neutralise ce genre de balivernes, comme celles du ministre israélien de la Défense Avigdor Lieberman qui vient d’appeler les Français juifs à quitter leur pays pour Israël afin qu’ils puissent « rester juifs ». Il a même comparé l’initiative diplomatique française sur le Proche-Orient de « nouvelle affaire Dreyfus », ajoutant qu’« il est temps de dire aux Français juifs, ce n’est pas votre pays, ce n’est pas votre terre. Quittez la France et venez en Israël. Avec toutes les difficultés que cela implique, si vous voulez rester juif et être sûr que vos enfants et petits-enfants restent juifs, faites votre aliyah en Israël ».

Près de 5 000 Français juifs ont immigré en Israël en 2016, soit une baisse de plus de 30% par rapport à l’an dernier. En 2014 et 2015, un record avait été atteint avec 7 200 et 7 800 immigrants en provenance de France. Le ministre israélien n’a pas hésité à comparer l’initiative diplomatique française à l’affaire Dreyfus, lorsqu’un officier israélite de l’armée française avait été accusé à tort d’intelligence avec l’ennemi à la fin du XIXe siècle, avant d’être innocenté. « Il n’y a qu’une seule différence entre ce qu’ils préparent à Paris et l’affaire Dreyfus, c’est que la dernière fois il n’y avait qu’un juif sur le banc des accusés alors que maintenant, [il s’agit de] toute la population israélienne », a indiqué le ministre de la Défense. « Ceci n’est qu’un procès dirigé contre l’Etat d’Israël. C’est un sommet dont l’unique objectif est d’affaiblir la sécurité d’Israël », a-t-il conclu.

La France organisera le 15 janvier une nouvelle conférence internationale sur le Proche-Orient, avec quelque 70 pays, mais sans les parties concernées, pour réitérer le soutien de la communauté internationale à la solution à deux Etats, israélien et palestinien. Dans la dynamique de la coupure historique de la résolution 2334, on ne peut que soutenir l’initiative de notre ami – le politologue John Whitbeck – s’adressant au Conseil national américain de sécurité pour que l’administration Obama sortante transforme l’essai en reconnaissant l’existence pleine et entière d’un Etat palestinien avant le 20 janvier prochain.

En attendant, bonne lecture, bonne et heureuse année en vous souhaitant les meilleures choses pour les temps qui viennent. Nous en aurons grand besoin…

Richard Labévière
2 janvier 2017

1 Le Quartet pour le Moyen-Orient ou plus simplement Quartet, est un groupe formé de quatre États et d’organisations nationales et internationales décidé à réaliser une médiation dans le processus de paix israélo-palestinien. Le Quartet est composé des États-Unis d’Amérique, de la Russie, de l’Union européenne et des Nations unies. Le groupe fut nommé en 2002, en réponse à l’escalade du conflit au Moyen-Orient.
2 Richard Norman Perle, né le 16 septembre 1941 à New York, a été conseiller politique auprès du secrétaire à la défense sous l’administration de Ronald Reagan et membre de la commission de la politique de défense de 1987 à 2004. Il est membre du Parti démocrate. Richard Perle est surtout connu pour son idéologie néo-conservatrice et par sa défense de la guerre d’Irak en 2003 pour défaire le dirigeant irakien Saddam Hussein. Il est également membre de l’American Enterprise Institute, de la direction du groupe Bilderberg, ainsi que présent dans le Projet pour un nouveau siècle américain (Project for the New American Century – PNAC) et fut un des cosignataires de la lettre du 26 janvier 1998 envoyée au président Bill Clinton, l’enjoignant de désarmer par la force Saddam Hussein. Perle est également considéré comme un proche du parti conservateur israélien, le Likoud.

Source : Proche & Moyen-Orient, Richard Labévière, 02-01-2017

 

 

 

 
Les-crises.fr DT | 10 janvier 2017 à 3 h 17 min | Étiquettes : Colonisation, Israël | Catégories : crise géopolitique | URL : http://wp.me/p17qr1-DUt
 
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11 janvier 2017 3 11 /01 /janvier /2017 05:58
As a young Jew, the news coming out of Israel makes me feel hopeless about ending the Occupation

My relationship with Israel began with the Rabin assassination, the second intifada and two wars in Gaza – all episodes of extreme aggression that were all underpinned by the dehumanisation of 'the other'

 

Five decades of occupation is what led an Israeli soldier, Elor Azaria, to shoot an incapacitated Palestinian man lying on the ground in the head, with 67 per cent of the country now supporting a pardon for his conviction. It is 50 years of occupation that drives someone to take a knife and stab a person in the chest while they wait for their friends by the walls of Old City. It's what leads to a truck being driven into a public bus stop killing four people. It is what causes a Palestinian woman to tell me she’s terrified of getting into a car accident in Jerusalem, in case the police think she’s a terrorist and shoot her on the spot in front of her children.

The constant slew of violence coming out of Israel and the occupied territories is a having a detrimental effect on how young Jewish people, like myself, relate to Israel, its history and its politics.

Research produced in 2015 shows that 87 per cent of Jews in the UK feel a connection to Israel and believe in its right to exist. But among my peers there is also a growing frustration and distress at a constant cycle of oppression, violence and retaliation; at a political system headed by a recalcitrant Prime Minister, Benjamin Netanyahu, who would rather spend his days swapping tweets with Donald Trump than move forward with a peaceful vision for Israel and a just alternative to the status quo.

 

The problem with the status quo in Israel is that in order to sustain it, you must believe that the people you are ruling over are going to try and hurt you. There is growing generation of young people whose only interaction with the "other side" is through violence and mistrust, whether that be a suicide attack carried out against Israelis or settlers cutting down olive trees owned by Palestinians in the south Hebron Hills.

Last summer I spent time in the West Bank with a Jewish group carrying out solidarity work with Palestinian communities. It demonstrated the power of human relationships in challenging narratives that are created around the "other". It is fundamentally important that those of us who care about finding a resolution to the conflict build human relationships across dividing lines, to facilitate empathy and understanding among the resentment that overwhelms conversations about Israel and the occupied territories.

We must try as best we can to challenge a cycle of violence that currently engulfs this conflict in order to not get lost in the despair of it all.

 
 
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10 janvier 2017 2 10 /01 /janvier /2017 08:22

Comment un diplomate israélien a travaillé au cœur du Parti travailliste pour mettre à mal Corbyn

 
 
Des enregistrements secrets révèlent comment un agent politique de l’ambassade a cherché à créer des organisations et des groupes de jeunesse pour promouvoir l’influence israélienne au sein du Parti travailliste britannique
 
Masot a qualifié les partisans du leader travailliste Jeremy Corbyn (photo) de « tarés » et d’« extrémistes » (AFP)
 
9 janvier 2017
 
 

Des enregistrements secrets vus par Middle East Eye ont révélé comment un diplomate israélien a cherché à créer des organisations et des groupes de jeunesse pour promouvoir l’influence israélienne au sein du Parti travailliste, dans le cadre d’un effort visant à mettre à mal le leadership de Jeremy Corbyn au sein du parti d’opposition.

Dans des conversations secrètes filmées par un journaliste infiltré, Shai Masot, agent politique de haut rang à l’ambassade d’Israël à Londres, a décrit son projet de création d’une branche de jeunesse de l’organisation Labour Friends of Israel (LFI – « Amis travaillistes d’Israël ») et a révélé qu’il avait mis en place d’autres organisations par le passé.

Masot a émis l’idée de faire participer des délégations de membres du Parti travailliste à des voyages en Israël et a indiqué à Joan Ryan, présidente des LFI, qu’il s’était vu accorder 1 million de livres (environ 1,15 million d’euros) pour financer d’autres visites.

Il a également affirmé avoir créé un groupe appelé « City Friends of Israel » en collaboration avec l’AIPAC, une organisation de lobbying pro-israélien influente aux États-Unis.

Qualifiant le leader travailliste Jeremy Corbyn de « fou », Masot a expliqué qu’il avait créé une branche pour les jeunes des Conservative Friends of Israel (« Amis conservateurs d’Israël ») en 2015 et qu’il souhaitait en faire de même au sein du Parti travailliste, mais qu’il n’y était pas parvenu en raison de la « crise » qui a entouré l’élection de Corbyn à sa tête.

Masot a également qualifié les partisans de Corbyn de « tarés » et d’« extrémistes ».

Corbyn est considéré comme favorable au mouvement Boycott, désinvestissement et sanctions (BDS), que Masot explique avoir été chargé de discréditer et de mettre à mal à un autre moment des enregistrements.

Le mandat de Corbyn au pouvoir a été marqué par une révolte de députés contre sa présidence et par un déclin du parti dans les sondages, tandis qu’il a également présidé un différend au sein du parti portant sur la prétendue présence – et tolérance – d’opinions antisémites parmi les membres.

Les conversations ont été filmées secrètement par un journaliste infiltré d’Al-Jazeera se faisant passer pour un activiste pro-israélien, qui a gagné la confiance de Masot et infiltré son cercle si efficacement qu’il a lui-même été chargé de créer Young Labour Friends of Israel, la branche de jeunesse des Amis travaillistes d’Israël.

Dans une conversation ultérieure, Masot a souligné que l’organisation devait rester indépendante mais a réitéré que l’ambassade d’Israël pouvait aider.

Interrogé quant à savoir s’il avait créé d’autres groupes au Royaume-Uni, il a déclaré : « Rien que je puisse partager, mais ouais. »

Il a ensuite poursuivi : « Ouais, parce qu’il y a des choses qui se passent, tu sais, mais c’est une bonne chose de laisser ces organisations indépendantes. Mais nous les aidons, en fait. »

Shai Masot a été filmé secrètement pendant plusieurs mois (Al-Jazeera)

Le journaliste infiltré a également filmé des activistes travaillistes pro-israéliens qui décrivaient le soutien financier qu’ils avaient reçu de l’ambassade d’Israël.

Dans une conversation filmée à l’extérieur d’un pub londonien, Michael Rubin, agent parlementaire pour LFI et ancien dirigeant de Labour Students (« Étudiants travaillistes »), a indiqué : « Shai m’a parlé et m’a dit que l’ambassade israélienne pouvait aussi avoir un peu d’argent, ce qui est une bonne chose... Il a dit qu’il était heureux d’aider en quelque sorte à financer quelques événements pour faciliter les choses, donc je ne pense pas l’argent doive vraiment être un problème. »

Rubin a également expliqué que Masot et lui « travaill[aient] de manière vraiment étroite... Mais cela se fait beaucoup en coulisses ».

Les dernières révélations surviennent alors que le gouvernement britannique a fait face ce dimanche à des appels de plus en plus nombreux à l’ouverture d’une enquête sur les agissements de Masot, un agent politique haut placé basé à l’ambassade d’Israël à Londres qui a été secrètement filmé en train de conspirer pour « faire tomber » des ministres au gouvernement et des députés considérés comme étant source de « problèmes » pour Israël.

Parmi ces responsables figuraient notamment Alan Duncan, un ministre des Affaires étrangères, qui a été l’un des détracteurs les plus virulents du programme illégal israélien de colonisation en Cisjordanie, ainsi que Crispin Blunt, président influent de la Commission des affaires étrangères du parlement britannique.

Les enregistrements ont également révélé l’étendue de l’influence israélienne au sein du Parti conservateur au pouvoir, lorsqu’une assistante de Robert Halfon, ministre d’État rattaché au Département de l’Éducation, s’est vantée d’avoir placé des questions parlementaires et a déclaré que « presque » tous les députés conservateurs étaient membres des Amis conservateurs d’Israël.

Masot a déploré que le Parti travailliste sous Corbyn – qui a décrit le groupe palestinien du Hamas et la milice libanaise du Hezbollah comme des « amis » lors d’une rencontre avec des activistes en 2009 – s’est révélé plus difficile à influencer, en dépit de ses liens historiques avec Israël.

« Peu de gens veulent être affiliés, explique Masot dans l’enregistrement vidéo. Évidemment, quand ils deviennent députés, ils ne sont pas affiliés et puis c’est tout, la chaîne est terminée. Parce que pendant des années, la première chose que chaque député faisait en rejoignant le parlement était de rejoindre les LFI. »

Dans des images filmées lors de la conférence travailliste en septembre dernier à Liverpool, Masot est aperçu en train de discuter avec Joan Ryan, députée d’Enfield North, une circonscription du Grand Londres, en vue d’une prochaine visite de membres des LFI en Israël.

« Qu’est-il arrivé avec les noms que nous avons mis à l’ambassade, Shai ?, a demandé Ryan.

- Nous avons l’argent à l’instant même, c’est plus d’un million de livres, cela fait beaucoup d’argent, a répondu Masot.

- Je le sais, cela doit être le cas, a affirmé Ryan.

- Et maintenant, j’ai l’argent d’Israël, alors... Pas l’argent physique, mais une approbation, a poursuivi Masot.

- Je ne pensais pas que vous l’aviez dans votre sac ! », a plaisanté Ryan.

Suite à cet échange, Hugo Swires, député conservateur qui préside le Conseil conservateur pour le Moyen-Orient (CMEC), a demandé à ce que les organisations d’Amis d’Israël liées à tous les principaux partis du Royaume-Uni divulguent leurs arrangements en matière de financement.

« Il y a des questions sérieuses à poser, a déclaré Swires à MEE. Cela soulève un tas de problématiques à un tas de niveaux différents. Le Conseil conservateur pour le Moyen-Orient est une organisation dûment affiliée au Parti conservateur. Nous devons donc respecter les paramètres des dons des sociétés et des dons individuels comme le fait le parti lui-même. »

« Si l’on compare cela aux CFI, aux LFI, aux Amis libéraux-démocrates d’Israël, nous avons toujours pensé que cela était entouré de mystère – car ils ne sont pas officiellement accrédités auprès de leur parti respectif. Je pense que le moment est venu pour ces organisations de se dévoiler au public et de révéler comment elles sont financées et d’où elles sont financées. »

Ce dimanche, le Parti travailliste a demandé une enquête approfondie sur les agissements de Masot, après que le gouvernement a déclaré ce samedi qu’il considérait que l’affaire était « close » suite aux excuses présentées à Duncan par Mark Regev, l’ambassadeur israélien.

« La révélation de discussions d’un agent de l’ambassade d’Israël cherchant à faire tomber ou à discréditer un ministre au gouvernement et d’autres députés en raison de leurs opinions sur le Moyen-Orient est extrêmement inquiétante », a déclaré Emily Thornberry, ministre des Affaires étrangères du cabinet fantôme travailliste.

« Toute ingérence inappropriée d’autres États dans notre politique démocratique est inacceptable quel que soit le pays concerné. Il n’est tout simplement pas suffisant que le Foreign Office déclare que l’affaire est close. C’est une question de sécurité nationale. »

« L’agent de l’ambassade concerné devrait être écarté et le gouvernement devrait lancer une enquête immédiate sur l’étendue de cette ingérence inappropriée et exiger que le gouvernement israélien y mette fin. »

 

L’appel du Parti travailliste à la tenue d’une enquête a été appuyé par le Parti nationaliste écossais (SNP) ainsi que par plusieurs députés conservateurs de haut rang.

« Nous ne pouvons pas voir Israël agir au Royaume-Uni avec la même impunité que celle dont il jouit en Palestine », a déclaré Crispin Blunt à MEE.

« Il s’agit clairement de l’ingérence la plus obscure et déshonorante dans la politique d’un autre pays. »

« C’est une affaire aussi sérieuse que celles impliquant les services du renseignement soviétiques, qui se permettaient de suborner la démocratie et de s’immiscer dans son processus de fonctionnement normal », a indiqué Nicholas Soames, un autre député conservateur, dans des propos accordés à Peter Oborne de MEE.

Écrivant de manière anonyme dans le journal Mail On Sunday, un ancien ministre du gouvernement de l’ancien Premier ministre David Cameron a déclaré que la politique étrangère britannique était « prise en otage par l’influence israélienne au cœur de notre politique ».

« Depuis des années, les CFI et les LFI travaillent avec – et même pour – l’ambassade d’Israël pour promouvoir la politique israélienne et contrecarrer la politique du gouvernement britannique et les actions des ministres qui tentent de défendre les droits des Palestiniens. »

L’ambassade d’Israël a tenté de minimiser l’importance de Masot en le qualifiant d’« employé subalterne de l’ambassade » dont les propos étaient « totalement inacceptables »

Elle a précisé qu’il allait « terminer très prochainement son contrat de travail à l’ambassade ».

 

Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation.

 

http://www.middleeasteye.net/fr/reportages/comment-un-diplomate-isra-lien-travaill-au-c-ur-du-parti-travailliste-pour-mettre-mal

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10 janvier 2017 2 10 /01 /janvier /2017 08:14
 
 
 
 
 
Palestine : l’Europe au pied du mur !
 
 
 
Francis Wurtz
Dimanche, 8 Janvier, 2017
Humanité Dimanche

 

 

Lire la chronique de Francis Wurtz, député honoraire du Parlement européen.

(*) Député honoraire du Parlement européen.

Contre toute attente, la cause palestinienne vient d'être propulsée au rang des priorités sur l'agenda diplomatique international ! Le vote de la résolution 2334 du Conseil de sécurité de l'ONU, le 23 décembre, exigeant d'Israël d'arrêter « immédiatement et complètement » la colonisation des territoires palestiniens, est, dans le contexte abominable du ProcheOrient, une chance inespérée : celle de pouvoir s'appuyer sur le droit international, désormais gravé dans le marbre. Le fait que Washington ait enfin renoncé à mettre son veto à la condamnation officielle de la colonisation, rompant avec une pratique vieille de près de 40 ans, met plus que jamais en lumière l'isolement international de Tel-Aviv dans son torpillage systématique de toute perspective de création d'un État palestinien viable et acceptable. Dans cette situation inédite, toute initiative pour une paix juste au ProcheOrient acquiert une dimension nouvelle : c'est le cas de la conférence internationale sur le conflit israélo-palestinien qui se tiendra à Paris à la mi janvier avec la participation de quelque 70 pays. À plus forte raison s'il s'ensuivait un nouveau vote consensuel au Conseil de sécurité sur un plan de paix global conforme au droit international.
Certes, en elle-même, une résolution ne règle rien. Certes, le fait que Obama ait attendu la veille de son départ de la Maison-Blanche pour prendre une position que l'on attendait dès le début de son premier mandat retire une grande partie de son effet à ce texte. Certes, Israël a le gouvernement le plus ultra de son histoire et le plus hostile à des négociations. Lourde est la responsabilité de tous ceux qui ­ de part et d'autre de l'Atlantique ­ ont encouragé cette dérive désastreuse : malgré l'annexion de Jérusalem-Est, l'installation progressive de 590 000 colons (1) dans les territoires palestiniens occupés, la construction du mur, les massacres de Gaza, les arrestations de résistants ou les assassinats ciblés..., ils ont garanti l'impunité aux dirigeants et accordé des aides colossales, y compris militaires, à leur gouvernement, fût-il peuplé de racistes assumés et de va-t-enguerre d'extrême droite. Leur réveil est assurément tardif alors qu'un dangereux aventurier s'apprête à prendre les rênes du pouv ir dans la première puissance mondiale !
Raison de plus pour mettre coûte que coûte à profit le consensus arraché in extremis au plus haut niveau des Nations unies afin de favoriser un sursaut devant l'abîme ! En particulier, l'Union européenne ­ comme telle ainsi qu'à travers chacun de ses gouvernements ­ doit être mise devant ses responsabilités (2) ! Nul ne lui demande de se montrer anti-israélienne (le « camp de la paix » en Israël soutient d'ailleurs la résolution de l'ONU) ni pro-palestinienne : il s'agit simplement de se mettre au service du droit international, qui vient d'être solennellement réaffirmé et qu'il n'est au pouvoir de personne, pas même de Donald Trump, d'effacer ! Si l'équipe de M. Netanyahou continue de témoigner son mépris à l'égard des exigences du droit international, réaffirmées comme jamais, la seule issue sera que d'innombrables voix s'élèvent pour demander que soit appliquée au régime d'occupation israélien la même mesure d'exception qui finit jadis par être imposée ­ avec succès ! ­ au régime d'apartheid sud-africain : des sanctions économiques, cette mesure ultime, ainsi qu'une saisine du Tribunal pénal international ! L'Union européenne cherche à jouer un rôle dans le monde ? La voici au pied du mur.
 
 
(1) Chiffre cité par l'ambassadrice des États-Unis à l'ONU elle-même !
2) L'UE est le premier partenaire commercial d'Israël. Elle finance nombre de programmes israéliens comme la recherche-développement dans les hautes technologies.
 
 
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10 janvier 2017 2 10 /01 /janvier /2017 08:11
 
 
 
 
 
Palestine : l’Europe au pied du mur !
 
 
 
Francis Wurtz
Dimanche, 8 Janvier, 2017
Humanité Dimanche

 

 

Lire la chronique de Francis Wurtz, député honoraire du Parlement européen.

(*) Député honoraire du Parlement européen.

Contre toute attente, la cause palestinienne vient d'être propulsée au rang des priorités sur l'agenda diplomatique international ! Le vote de la résolution 2334 du Conseil de sécurité de l'ONU, le 23 décembre, exigeant d'Israël d'arrêter « immédiatement et complètement » la colonisation des territoires palestiniens, est, dans le contexte abominable du ProcheOrient, une chance inespérée : celle de pouvoir s'appuyer sur le droit international, désormais gravé dans le marbre. Le fait que Washington ait enfin renoncé à mettre son veto à la condamnation officielle de la colonisation, rompant avec une pratique vieille de près de 40 ans, met plus que jamais en lumière l'isolement international de Tel-Aviv dans son torpillage systématique de toute perspective de création d'un État palestinien viable et acceptable. Dans cette situation inédite, toute initiative pour une paix juste au ProcheOrient acquiert une dimension nouvelle : c'est le cas de la conférence internationale sur le conflit israélo-palestinien qui se tiendra à Paris à la mi janvier avec la participation de quelque 70 pays. À plus forte raison s'il s'ensuivait un nouveau vote consensuel au Conseil de sécurité sur un plan de paix global conforme au droit international.
Certes, en elle-même, une résolution ne règle rien. Certes, le fait que Obama ait attendu la veille de son départ de la Maison-Blanche pour prendre une position que l'on attendait dès le début de son premier mandat retire une grande partie de son effet à ce texte. Certes, Israël a le gouvernement le plus ultra de son histoire et le plus hostile à des négociations. Lourde est la responsabilité de tous ceux qui ­ de part et d'autre de l'Atlantique ­ ont encouragé cette dérive désastreuse : malgré l'annexion de Jérusalem-Est, l'installation progressive de 590 000 colons (1) dans les territoires palestiniens occupés, la construction du mur, les massacres de Gaza, les arrestations de résistants ou les assassinats ciblés..., ils ont garanti l'impunité aux dirigeants et accordé des aides colossales, y compris militaires, à leur gouvernement, fût-il peuplé de racistes assumés et de va-t-enguerre d'extrême droite. Leur réveil est assurément tardif alors qu'un dangereux aventurier s'apprête à prendre les rênes du pouv ir dans la première puissance mondiale !
Raison de plus pour mettre coûte que coûte à profit le consensus arraché in extremis au plus haut niveau des Nations unies afin de favoriser un sursaut devant l'abîme ! En particulier, l'Union européenne ­ comme telle ainsi qu'à travers chacun de ses gouvernements ­ doit être mise devant ses responsabilités (2) ! Nul ne lui demande de se montrer anti-israélienne (le « camp de la paix » en Israël soutient d'ailleurs la résolution de l'ONU) ni pro-palestinienne : il s'agit simplement de se mettre au service du droit international, qui vient d'être solennellement réaffirmé et qu'il n'est au pouvoir de personne, pas même de Donald Trump, d'effacer ! Si l'équipe de M. Netanyahou continue de témoigner son mépris à l'égard des exigences du droit international, réaffirmées comme jamais, la seule issue sera que d'innombrables voix s'élèvent pour demander que soit appliquée au régime d'occupation israélien la même mesure d'exception qui finit jadis par être imposée ­ avec succès ! ­ au régime d'apartheid sud-africain : des sanctions économiques, cette mesure ultime, ainsi qu'une saisine du Tribunal pénal international ! L'Union européenne cherche à jouer un rôle dans le monde ? La voici au pied du mur.
 
 
(1) Chiffre cité par l'ambassadrice des États-Unis à l'ONU elle-même !
2) L'UE est le premier partenaire commercial d'Israël. Elle finance nombre de programmes israéliens comme la recherche-développement dans les hautes technologies.
 
 
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